Meet a hold friend ~ Indy

Comme pour beaucoup de monde vivant sur l’hémisphère Nord de la planète, le mois de janvier est, aux yeux d’Indiana Watts, le pire de l’année, à égalité avec celui de décembre. Encore, en décembre il y a les ‘fêtes’, une sorte d’ambiance qu’il avait beau ne pas trop apprécier mais qui mettait un peu de vie et de choses positives chez la plupart des gens normalement constitués, mais le mois de janvier, il n’y avait rien hormi le froid, les maladies et le moral bas des gens. La déprime hivernale faisait beaucoup de victimes en cette période et il n’y échappait pas. Enfin, pas autant que d'autres en tout cas. Il était habitué à ne pas trop afficher ses émotions et bien qu’il soit perpétuellement en colère, il restait fidèle à lui-même, chiant, irritant et qui n’épargnait rien à ses collègues de travail. La moindre erreur, il ne la tolérait pas, et lorsque ça arrivait, ça avait le don de le mettre totalement hors de lui. Il détestait la faiblesse et s’il avait pu être un surhomme, il gèrerait tout à la place de ces incapables. Alors certes, son équipe était aussi formée de personnes ayant fait des études et qui avaient, heureusement, des connaissances communes et tout le tralala, mais ce n’était pas aussi parfait que lui. Forcément, lui, il avait la science infuse, c’était Dieu sur Terre. Il savait qu’il exagérait, il reconnaissait d’ailleurs que par moment, il allait trop loin et qu’il ne devrait pas penser ou agir comme il le faisait, qu’il devrait avoir un peu plus le contrôle de ses paroles et de ses réactions, mais c’était plus fort que lui. D’ailleurs, il savait aussi que s’il n’était pas aussi brillant, tout le monde le lâcherait. Parce que comme il ne pardonnait rien, il n’y avait pas de raison qu'on le fasse pour lui. Et par moment, il lui arrivait d’être un peu sympa, mais ces moments étaient rares. Et c’était aussi, surtout, sous la recommandation de sa psychologue avec qui il travaillait énormément sur soi et son rapport aux autres.

Ce fut d’ailleurs de chez sa psychologue qu’il sortait ce soir-là et qu’il avait pour but de rentrer chez lui continuer à travailler ses calculs aussi longs que possible et tout le tintouin. Il avait aussi prévu, comme presque chaque soir, d’aller observer le ciel grâce à son télescope, le premier qu’il avait obtenu de sa vie et qui du coup, avait une valeur sentimentale à ses yeux. Il notait chaque soir les positions de tout ce qu’il voyait et bien que ça n’avait rien à voir avec l’immense engin à l’Observatoire, il le faisait plus pour lui-même pour le coup, par plaisir comme il l’avait fait lorsqu’il allait chez l’amie de sa mère qui en possédait un et qui l’avait invité lors de ses premières découvertes de l’Univers. Ses petites joies solitaires qu’il s’offrait et dont personne, ou presque, n’était au courant. Son petit jardin secret, en somme.

Comme ce n’était pas très loin et qu’il se voyait mal payer un taxi ou pire, emprunter les transports en commun, Indiana avait prit la décision de rentrer à pied. Malgré le froid et malgré la foule. Pour éviter le plus de monde possible, même si le coeur de Londres était toujours et inévitablement bondé peu importe où, Indy traversa le parc. Son appartement n’était plus très loin, et bientôt, il n’aura plus à se soucier de l’extérieur. Enfin, c’était sans compter le ‘destin’ qui lui envoya une personne familière non loin de là, simplement parce qu’il avait tourné la tête au mauvais moment et qu’il l’avait donc vue. Il n’était pas très religieux en soi (voir même pas du tout d’ailleurs) et ni superstitieux, mais pour le coup, c’était tellement “bien” tombé qu’une part irraisonnée de lui se disait que ça n’était pas qu’un coup du hasard, qu’une sorte de force divine ou une connerie du genre lui avait fait prendre ce chemin et lui avait fait remarquer la présence de l’omniprésente Elizabeth Patterson.

Rares étaient les gens au courant (peut être même personne, pas elle même?), mais ce petit bout de femme n’était pas n’importe quelle femme. Ils avaient partagés ensemble plus d’une aventure tous les deux et aussi bien que cela l’emmerde, et d’ailleurs il reste dans le déni, elle ne le laissait pas indifférent. C’étit bête, stupide, surtout qu’il n’y avait rien de plus qu’une vague sorte d’amitié entre eux avec, à un moment, des avantages à ne pas négliger, mais cette fille était un peu trop présente dans ses pensées en règle générale et ce bien qu’il s’efforçait de la chasser de là. Mais plus il voulait l’extirper de là, plus elle était présente et comme cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas revue, il avait un peu tourné la page. Sauf que voilà, elle était là. Elle ne l’avait pas encore vu et il pouvait tout aussi bien passer son chemin, continuer sa vie en faisant comme s’il n’avait rien vu (même si, avouons le, il était déjà foutu) et comme il se rendit comme qu’il était déjà foutu, il décida d’aller à sa rencontre malgré tout. Ses séances chez sa psy pour l’aider à passer le cap, à penser à autre chose, ses efforts inconsidérables pour enlever cette sorte d’obsession furent soudainement réduite à néant.

A quelques pas avant d’arriver jusqu’à elle, cette dernière leva la tête et l’aperçut. Elle lui adressa un sourire pour le lui faire remarquer mais il afficha une expression la plus neutre possible. Bien que c’était le bordel complet à l’intérieur de lui même et surtout dans ses émotions, il jouait le rôle de l’homme le plus neutre de l’univers pour ne pas perdre totalement les pédales et garder un minimum de “contrôle”. Toutefois, lorsqu’elle prononça son prénom, ou plutôt un raccourci évident de ce dernier, il afficha une pointe de sourire. Aussitôt, ses pupilles se dilatèrent ce qui le trahissait sans que ça soit non plus une évidence. Une sorte de frissons ou tremblement stupide digne de Parkinson se fit sentir et son rythme cardiaque s’accéléra. Aussitôt, il regretta la décision d’avoir été à sa rencontre tant il savait que ce serait plus une torture qu’autre chose mais en même temps, s’il ne l’avait pas fait, il l’aurait regretté pendant plusieurs jours.

“Bonsoir Patterson, je ne m’attendais pas à te croiser dans le coin.”

Londres était tout de même une grande ville et malgré tout, il arrivait toujours à croiser une connaissance quelle qu’elle. En soi, sa notoriété dans son milieu l’y obligeait un peu, mais pour le coup, c’était réellement un hasard.

“Qu’est ce que tu fais là, toute seule? Tu attends quelqu’un?” lui demanda-t-il en l’interrogeant également du regard.