Une rencontre bizarre |Alessio|

Tranquillement allongé, les pensées vaguant d’une femme à, non, qu’à une seule en vrai. Seul son prénom provoque des frissons, le cœur se met à battre, prêt à bondir et prendre une place de libre dans le lit. S’il le faisait, peut-être qu’un énorme soulagement se ferait sentir ? Il n’est pas aisé de prendre les bonnes décisions, quand l’esprit divague plus loin, bien plus loin que la limite fixée durant tant d’années. Âme sœur ? Sans doute, dans un monde où la torture est maîtresse, il serait possible pour deux personnes de s’aimer d’une manière aussi toxique. Mais voilà, ce monde n’est pas prêt, ils ne sont tout simplement pas prêt pour se révéler à l’autre. Leur vie n’a été que souffrance, même lors de courts moments partagés où tout semblait heureux, la vérité ne tardait pas à se montrer. Révélant ce qu’ils étaient vraiment l’un pour l’autre ! Merde, il va falloir gérer ça mec ! Une vibration venant de l’oreiller, non qu’un oreiller puisse vibrer, tire Alessio de ses pensées si profondes.

Le devoir l’appel, une rencontre va avoir lieu, rien d’inhabituel pour un homme qui se doit de renouveler ses clients dès que le besoin s’en fait sentir. Enfilant un jean plutôt confortable, un simple t-shirt uni et d’une simple veste couvrant le reste de ses bras, le grand brun se sent prêt. Dans un tiroir, où la marchandise se dit en sécurité, plusieurs variétés cohabitent calmement, simplement à attendre d’être vendue le plus rapidement. Aimeriez-vous vivre dans un endroit aussi sec et sombre ? Ouais, ce n’est pas non plus une chose vivante ! Ne prenant que ce qu’il lui faut, dans un geste moins amical, le tiroir se voit fermé brutalement. Des pas dans un escalier grinçant sous le poids d’un homme, une porte couinant à son ouverture laisse penser qu’il est déjà sorti. Ledit rendez-vous se fera dans un coin, à l’abri des regards, non loin d’un quartier plus avancé, plus moderne que l’épave d’où il est parti.

Une fumée blanche et épaisse laissant une traînée tout en montant, balayée par la fine brise de vent chatouillant l’air comme une simple brume de poussière. Impatient, une silhouette devenant de plus en plus visible, à chaque pas avancé. L’homme se tortillant sur lui-même ne semble pas dans son meilleur état, peu importe, un client reste un client ! Nerveusement, une main tremblante se tend, cependant vide. Alessio ne peut se permettre de passer sur une poignée de billets, un deal reste un deal et si, l’homme n’a pas l’argent, il n’a pas la marchandise. Dans un cri de désespoir, une hâte précipitée, une douleur vive attire le regard du vendeur. D’abord dans une grimace choquée, Alessio se rend compte, il vient de se faire poignarder. Un coup rendu dans une injure et l’adversaire s’écrase au sol, notifiant de son action, les larmes éclatent dans un “désolé” à peine audible avant de s’enfuir. Merde ! Il vient de se passer quoi ? Une flopée de gouttes s’étend lentement sur le sol laissant abasourdi l’Italien, réalisant enfin qu’une lame transperce une partie de son corps, une partie qu’il aura besoin pour se déplacer.

Avançant difficilement, une faible lueur attire l’attention, non loin, un homme sort de sa voiture. Le visage reconnu, Alessio sait qu’il l’a déjà vu, certains disent qu’il serait médecin. Quelle chance ! Il t’en faut justement hein mon gars ! Laissant traîner la jambe aussi bien qu’il le peut, s’avancer vers lui, le visage tordu par la douleur vive, lancée à chaque pas. Son allure se veut plus rapide, il doit l’attraper avant qu’il n’atteigne sa porte, c’est peut-être une question de vie ou de mort. Oh l’exagération ! Ce n’était qu’un couteau suisse ! « Hey toi ! » Un cri de détresse, une main attrapant l’épaule du dit médecin, Alessio ne s’est même pas rendu compte qu’il tenait encore la petite arme blanche dans l’une de ses mains. « J’ai besoin que tu répares CA ! » Désignant la mi-hauteur de sa cuisse. « T’es bien médecin ou un truc du genre ? » Cette façon tellement aimable de demander de l’aide, on se demande pourquoi il n’a pas vraiment d’amis !